“Au printemps 1983 j’ai fait un voyage intuitif à travers, la Suisse, Berlin, et le Portugal. Les images qui suivent sont, pour la plupart, des réactions intuitives impulsives aux personnes et aux endroits que j’ai vu. Ils sont découpés dans un ordre chronologique avec la même approche impulsive, également pour les sons.”
Avec ces mots, Peter Mettler présente Eastern Avenue. À partir de la matière qu’il a filmée durant un voyage de trois mois, il produit un film lyrique qui n’est pas un travelogue ordinaire ou un journal intime. Sans s’occuper l’esprit en anticipant ses images, il a essayé de répondre et de réagir spontanément, aussi souvent que possible, à ce qui l’entourait, improvisant avec sa caméra comme on le ferait avec un instrument de musique. Ces notes visuelles permettent un aperçu de perceptions, de sentiments, et d’ états émotionnels dans différentes situations.
Des formations de nuages à travers la fenêtre d’un avion; paysages enneigés; une jeune femme qui peint; le vaste intérieur d’une église baroque; décrépits, les immeubles délabrés de Berlin; les touristes au Mur de Berlin; une serre et les appartements exigus et négligés; un enfant construisant un château de sable; la vapeur s’élevant d’une tasse de café… Superposition et disparitions, de très gros plans, des zooms et des décadrages, sont les outils qu'utilise Mettler pour créer des images à plusieurs couches. Filmés de voitures et de trains, ces paysages qui défilent semblent irréels et distordus. Il arrive exceptionnellement que les mouvements de la caméra coïncident avec le sujet filmé : des gens dansant dans un club berlinois, le surf rageur au Portugal. Le regard curieux de la caméra tourne autour des objets sans accentuer les centres d’attraction et s’arrête seulement lors de la contemplation de visages humains - y compris celui de Mettler - dans un gros plan frontal.
Au montage, le but de Mettler était d’arriver à un trou “organique”. Presque tous les plans ont été utilisés (sur un ratio de 1 à 1.3), la structure, le parcours et le rythme du film ont uniquement été déterminés par la chronologie des expériences. En créant la bande son, Mettler a fait un mélange de cinq cassettes de manière tout aussi impartiale que pour les images, une improvisation live au violon et violoncelle sur les images diffusées, puis mixée avec des sons et voix d’Inde et de Toronto, des enregistrements ethniques, des enfants qui jouent, des chants de chorale et des extraits de disques.
Mettler n’a pas prévu une sortie cinéma de Eastern Avenue. Ce travelogue personnel - entendu comme une expérimentation intuitive et un journal - évolue en réponse à un travail intellectuel structuré de “Scissere” (1982). Les expériences qu’il a fait ont servies comme outils de travail pour développer des idées et stratégies pour “the Top of his Head” (1989).
" In the Spring of 1983 I took a trip into my intuition through Switzerland, Berlin and Portugal. The following images are, for the most part impulsive intuitive reactions to the people and places I saw. They are cut together in a chronological order with the same impulsive approach, as is also the sound."
With these words Peter Mettler introduces Eastern Avenue. From the material he shot during a three month journey, he edited a lyrical film which is no ordinary travelogue or diary. Without occupying himself in advance with anticipated images, he attempted as often as spontaneously as possible to respond and react to his surroundings, improvising with the camera as one would on a musical instrument. These visual notes allow insights into perceptions, feelings and emotional states in various situations.
Cloud formations from a plane window; snow landscapes; a young woman painting; the high interior of a baroque church; dilapidated, ghetto-like buildings in Berlin; sightseers at the Berlin Wall; a greenhouse and cramped, neglected apartments; a child building a sandcastle; the steam rising from a coffee cup…Superimposition and dissolves, extreme close-ups, zoom-ins and canted framing are the means by which Mettler creates unusual multi-layered images. Filmed from moving cars and trains, passing landscapes seem unreal and distorted. In exceptional moments the camera movements match the movements of what is being filmed: people dancing in a Berlin disco, the raging surf in Portugal. The camera's searching glance circles around objects without emphasizing centres of attraction and only comes to a standstill when contemplating human faces - including Mettler's - in frontal close-up.
During the editing Mettler's aim was to achieve an 'organic' whole. Almost all the footage was used ( ratio 1 to 1.3), structure, course and rhythm of the film were determined solely by the chronology of experiences. In creating the sound-track Mettler made a mix out of five tapes in an equally unprejudiced manner; a cello and a violin improvised live to a picture playback and then were mixed with sounds and voices from India and Toronto, ethnic recordings, playing children, choral songs and excerpts from records. The collage-like sound does not seek to emphasize, but to create a unity with the images.
Mettler had not planned to release Eastern Avenue theatrically. This personal travelogue - meant as a true intuitive experiment and diary - evolved in response to the intellectually structured work on Scissere. The experiences he made served as a working tool to develop ideas and strategies for the "Top of His Head".
- Année
- 1985
- Nationalité
- Suisse
- Durée
- 00:55:00
- Format de projection
- 16mm