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As True As Troilus— un film de Jayne Amara Ross /



Ce film emprunte son titre et sa mythologie au récit de ‘Troilus and Criseyde’, un poème du 14ème siècle de l’écrivain anglais Geoffrey Chaucer, un faux mythe grec avec des origines médiévales, dans lequel le personnage principal Troilus tombe amoureux de la Troyienne Cressida qui finit par le quitter pour un soldat Grec appelé Diomède. Le narrateur de ‘As True As Troilus’ emploie ce mythe pour explorer sa propre mythologie romantique, se servant des personnages, de leurs corps et des situations pour exprimer sa propre détresse, illustrant les étapes de la destruction de son histoire
damnée avec des tableaux du conte Troyen. Les personnages portent ici des masques, symboles de leurs désirs et de leurs identités sexuelles et narratives ; le mythe comme outil de compréhension universel du personnel et du spécifique.
‘Au corps à corps avec le déni, impavide, As True As Troilus conjugue deux énergies antithétiques : l’élucidation, qui met en perspective le complexe dont souffre Troilus ; et l’enchantement, qui surmonte la lucidité pour accéder à une expérience plus ample que le savoir. Le film trouve sa solution dans l’éblouissement : images éblouissantes de clarté, d’évidence, de lisibilité, de splendeur plastique, elles affirment encore leur présence par l’étayage mutuel de la symétrie et du dédoublement. D’emblée Jayne Amara Ross remonte à l’origine du déni, qui détermine les pathologies de l’obsession, de l’addiction et de la fixation : la mort. Passagers fugitifs en chute libre dans le temps, nous nous inventons la passion, l’héroïsme, l’aventure, un destin fut-il tragique, pour refouler l’inéluctable. Renouant avec la grande lignée des mythographes cinétiques, Jean Cocteau, Maya Deren, Kenneth Anger, Gregory Markopoulos, Etant Donnés mais aussi le David Lynch de Eraserhead, Jayne Amara Ross retisse l’iconographie traditionnelle des Parques et produit de stupéfiants emblèmes de la condition humaine. As True As Troilus procède d’une poésie de la plénitude, aussi confiant dans les images (visuelles, verbales, musicales) que Troilus en Cressida.’

Nicole Brenez


The film takes its title and mythology from Chaucer’s important 14th century poem ‘Troilus and Criseyde’, a retelling of a ‘faux’ Greek myth with Medieval origins, in which the main protagonist Troilus falls in love with Trojan Cressida who finally deceives and leaves him for the Greek soldier Diomedes. The narrator of ‘As True As Troilus’ (just as Chaucer’s narrator) uses this myth to explore his own romantic mythology, using the characters and their situation to recount his own plight, illustrating the destruction of his own failed relationship with tableaux from the Trojan tale.

‘Unflinchingly wrestling with denial, As True As Troilus combines two antithetical energies : elucidation that expounds upon the complex afflicting Troilus, and enchantment that champions over lucidity in order to access a full experience, deeper than any rational knowledge. The film finds its answer in an overwhelming radiance: images that radiate clarity, visceral logic, symbolic readability, and graphic splendour unfurling in symmetry and duplication. From the onset Jayne Amara Ross retraces denial to its source, death, defining the pathologies of obsession, addiction and monomania. As fugitive passengers in free-fall through time, we reinvent passion, heroism, adventure, or even a tragic destiny, all in order to repress our ineluctable end. Following in the tradition of great cinematic mythographers Jean Cocteau, Maya Deren, Kenneth Anger, Gregory Markopoulos, Etant Donnés but also David Lynch in Eraserhead, Jayne Amara Ross reworks the traditional iconography of the Fates and weaves an astonishing portrayal of the human condition. As True As Troilus is endowed with a poetic fullness, as assured in the (visual, written, musical) images themselves as Troilus is confident in Cressida.’

Nicole Brenez

Année
2010
Nationalité
France
Durée
00:20:00
Format de projection
Fichier Quicktime


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