english version
 

Aurélia Steiner (Vancouver)— un film de Marguerite Duras /



“Une jeune fille Aurélia Steiner écrit à un destinataire multiple et changeant : un amant marin, le spectateur, ses parents morts, ses ancêtres juifs exterminés dans les camps. Elle dit le désir, la mort. Le rectangle blanc de l’écran devient le rectangle blanc de la cour de rassemblement d’un camp d’extermination. Le film sans musique sur l ’irracontable alterne entre autre des images de paysage ( le ciel, la mer, les arbres) et le texte manuscrit de l’auteur.” Bernard Sarrut

“Il n’y a pas de blanc dans les films en couleurs. La véritable blancheur, celle de la neige, celle de l’écume, celle des fleurs blanches les nuits de lune, elle n’est rendue que par le noir et blanc. La neige dans Aurélia Steiner elle est le long des quais de Vancouver dans l’écume de la mer, je l’ai reconnue dans le film.
Quand j’ai écrit Aurélia Steiner Vancouver, je n’étais pas sûre de pouvoir le tourner après. Je l’ai écrit dans le bonheur de ne pas le tourner après. Si on ne m’avait pas donné les cinq millions pour le tourner j’aurais fait un film noir, une bande optique noire.
Elle est dans les camps de concentration Aurélia Steiner, c’est là qu’elle vit. Les camps de concentration allemands, Auschwitz, Birkenau étaient des lieux continentaux, étouffants, très froids en hiver, brûlants en été, très loin à l’intérieur de l’Europe, très loin de la mer. C’est là qu’elle se transporte pour écrire son histoire, c’est à dire celle des juifs de tous les temps.
Le film d’Aurélia Steiner Vancouver était impossible. Il a été fait. Le film est admirable parce qu’il n’essaie pas de corriger l’impossibilité. Il accompagne cette impossibilité, il marche à son côté.
Il faut laisser venir l’extérieur à vous. Par exemple, je n’ai pas d’idées sur l’image qui doit être sous le jeune pendu d’Auschwitz. C’est en passant devant la rangée droite des peupliers de la Mauldre que je me dis : ce sera ça.” Marguerite Duras


"A young woman named Aurélia Steiner writes to a changing and multifold recipient : a sailor lover, the spectator, her dead parents, her Jewish ancestors exterminated in the camps. She speaks of desire, of death. The white rectangular screen becomes the white rectangular assembly yard of the extermination camp. The music-less film on the unmentionable alternates between images of different landscapes (the sky, the sea, the trees) and the author's hand-written text." Bernard Sarrut

"There is no white in colour film. True whiteness; that of snow, froth, white flowers on moonlit nights, can only be rendered through black and white. The snow in Aurélia Steiner is present in the sea foam along Vancouver's docks, I recognised it in the film.
When I wrote Aurélia Steiner Vancouver, I wasn't sure I would be able to shoot the film. I wrote it in the joy of never shooting it. Had I not been given the five million to shoot it, I would have made a black film, a strip of black optical tape.
Aurélia Steiner is inside the concentration camps; that is where she lives. The German concentration camps, Auschwitz, Birkenau, were all continental places, suffocating places: very cold in winter, scorching hot in summer, landlocked within Europe, far away from the sea. That is where she carries herself in order to write her story, the story of the Jewish people since forever.
The film Aurélia Steiner Vancouver was impossible. It got made. The film is admirable because it doesn't attempt to rectify the impossibility. It accompanies the impossibility, walking alongside it.
You must allow the exterior to come to you. For instance, I don't have an idea as to which image should go beneath the young hangman from Auschwitz; it is only when I pass by the Mauldre's row of poplar trees that I say to myself : this will be it." Marguerite Duras

Année
1979
Nationalité
France
Durée
00:48:00
Format de projection
Betacam Sp
Tarif de location pour une projection : 168 €

Aurélia Steiner (Vancouver)

Marguerite Duras
Betacam Sp · 00:48:00
France — 1979


-->