Ce film porte sur la perturbation et la transposition d'une image vidéo (noir et blanc) par l'intermédiaire du cinéma et de la photographie. On part d'une image ordinaire, banale, celle du petit écran de télévision. Des diapositives sont projetées sur l'écran, avec un jeu sur le contraste, le dérèglement de l'image, la mise en évidence de la trame... Les noirs absorbent l'image projetée tandis que les blancs la refusent ; d'où un phénomène de surimpression partiel et tout à fait localisé.
Contraste entre deux images : l'une immobile, l'autre mobile et en noir et blanc. Mais, par le jeu des surimpressions, l'image fixe s'anime, se transforme. Il n'y a pour le reste aucun mouvement de caméra autre que celui du processus filmique initial ; tous les mouvements sont ceux-là même de l'image télévisée. Le rythme, les mots (on oserait dire le son) proviennent de l'image elle-même, des pulsations de l'image télévisuelle.
"Le blues, le blues est dans les mots bien plus que dans l'image, et dans la marche au ralenti des mannequins saccadés. Nous n'écrirons pas ici sur les images, mais les accompagneront dans leur voyage. Paraphrase vidéographique et divaguante ou balade pour une mort impossible. D'où l'omniprésence sur l'écran de ce mannequin qui persiste d'image en image. Mort et irrémédiablement forclos, mièvre, muré sur le seul vide. Le blues, le blues est dans la mort, bien plus que dans les mots, et dans le rythme saccadé des images désaccordées.
Pourquoi avoir ainsi mangé l'image, cinématographique et déjà irréelle ? Dévoré la figure sur ses contours, évidé cette silhouette d'une tache couleur d'écume… Est-ce parce que la télévision (plus que le cinéma) ouvre le règne de l'image "irréelle", fantasque, privée de chair. Hologramme presque. Et que j'aime l'image déshabillée de sa réalité, fantomatique et à peine décidable." ("Vidéo Blues", texte, extrait, publié en mars 1983, La Nouvelle revue Française, n°362)
This film is about the disruption and transposition of a video image (black and white) through cinema and photography. We start from an ordinary, banal image, that of the small television screen. Slides are projected on the screen, with a play on the contrast, the disturbance of the image, the highlighting of the screen ... The blacks absorb the projected image while the whites refuse it; hence a partial and quite localized overprinting phenomenon.
Contrast between two images: one motionless, the other mobile and in black and white. But, through the play of superimpositions, the fixed image comes to life, is transformed. For the rest, there is no camera movement other than that of the initial filmic process; all the movements are those of the televised image. The rhythm, the words (one would dare say the sound) come from the image itself, from the pulsations of the television image.
"The blues, the blues are in the words much more than in the images, and in the idling of the jerky models. We will not write here on the images, but will accompany them on their journey. Video and rambling paraphrase or stroll for an impossible death. Hence the omnipresence on the screen of this mannequin which persists from image to image. Dead and irremediably foreclosed, cutesy, walled up on the only void. The blues, the blues are in death, much more than in words, and in the jerky rhythm of detuned images.
Why have you eaten the image, cinematographic and already unreal? Devoured the figure on its outlines, hollowed out this silhouette with a foam-colored stain ... Is it because television (more than cinema) opens the reign of the "unreal" image, whimsical, deprived of flesh. Almost hologram. And that I love the undressed image of its reality, ghostly and barely decidable. "(" Video Blues ", text, extract, published in March 1983, La Nouvelle revue Française, n ° 362)
- Année
- 1981
- Nationalité
- France
- Durée
- 00:23:00
- Format de projection
- Super 8mm