Motif
Comment mieux parler du cinéma qu'en en faisant une occasion d'étoilement,
cet événement singulier, étrange et déroutant
où nous voici couverts d'étoiles et fêlés ensemble,
brisés par les astres cinématographiques qui nous viennent
et par eux émus au point d'avoir à l'écrire ?
Quel exigence impossible que d'avoir à viser à notre tour
les lieux les plus inaccessibles, pour dire ce que le cinéma, par
le truchement de telle œuvre, à ouvert au plus intime de nous
mêmes ? Et si justement le cinéma avait pour vocation de tracer,
pour nos yeux, pour notre bouche, un chemin vers l'inaccessible ?
étoilements est une revue où poésie
et cinéma se croisent,
se toisent, s'appellent et se répondent. Plusieurs plumes et sensibilités
se prêtent diversement à cette petite tâche en forme
d'étoile. La parution
est trimestrielle.
Numéros
n°11 / juin 2010 : nullité
n°10 / mars 2010 : la joie
n°9 / décembre 2009 : peaux
n°8 / septembre 2009 : la voix + hors série
n°7 / juin 2009 : la fracture
n°6 / mars 2009 : l'insistance
n°5 / décembre 2008 : le retard + hors série
n°4 / septembre 2008 : la promenade
n°3 / juin 2008 : l'adresse
n°2 / mars 2008 : le devenir
n°1 / décembre 2007 : bords, bordures
n°0 / septembre 2007 : libre
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dont, au hasard, parmi 99 interventions :
[ETOILEMENTS]
numéro 4 / septembre 2008 / la promenade.
Comme le cinéma, qui est peut-être l’une de ses modalités, la promenade demande à la fois espace et temps. Elle veut un lieu où puissent s’épouser le hasard et l’intention. Elle demande aussi que nous lui consacrions du temps, pour ne pas tourner en pure fuite ou déroute. Que nos déambulations nous trouvent inquiétés ou soucieux, et voilà qu’elles se changent en une errance qui, pour ne nous accorder ni paix ni indolence, fait se volatiliser la flânerie où nous pensions être. Pour que nos promenades aient lieu, nous devons nous rendre disponibles, dans un espace qui nous redonne cette vacance d’esprit initiale grâce à laquelle nous avons pu venir à lui. Gratuité et générosité sont intrinsèquement attachées à l’idée de promenade.
Pensée en premier lieu sous le signe du voyage, et plus singulièrement du voyage raté (à partir d’Uyuni, film d’Andrés Denegri,), la promenade manifeste son aptitude à entretenir le désir de faire des images lorsqu’elle se comprend comme disponibilité au monde. Raphaël Bassan, interrogeant le cinéma de Joseph Morder, veut montrer comment la vacance l’anime tout entier. Il situe ainsi son propre itinéraire de critique relativement aux films qu’il évoque. S’il peut le faire, c’est que les films, en nous faisant partager cette disponibilité à partir de laquelle ils nous viennent, sont aussi un lieu où nous pouvons nous comprendre et nous décrypter nous-mêmes. Il y a quelque chose de cet ordre dans le texte de Fabrice Lauterjung, qui va de formes en formes, pour explorer, à l’occasion d’une exposition d’art contemporain, de nouvelles possibilités du médium, jusqu’à rencontrer, dans la flânerie où il est emporté, une figure pour le moins inattendue – et pour cause – de l’histoire de l’architecture, pour indiquer in fine la violence inhérente à son projet.
Tout film est en lui-même un lieu où notre esprit peut vagabonder. Violeta Salvatierra laisse le sien se traduire en poésie, pour donner quelque chose à voir des images rencontrées dans Forest of Bliss de Robert Gardner. Des sentiers quelques peu extérieurs au cinéma ont également été parcourus, en direction d’une pratique qui le concerne absolument, celle du photographe tchèque Miroslav Tichý. Enfin, les vers d’Orlan Roy, ouverts par les images du suaire et de la mort, nous signalent une vacance ultime qui nous fera voyager Dieu sait où…
Puissent les textes ici réunis nous convaincre de sortir à nouveau dans la fraîcheur de l’automne, et de fréquenter les parcs, les rues et les cinémas, où tant de choses ont encore besoin de notre attention pour se laisser dire.
Rodolphe Olcèse
Sommaire :
Du voyage raté : Uyuni (Andrés Denegri, Argentine 2005) par Gabriela Trujillo / Joseph Morder : le double journal des aficionados par Raphaël Bassan / Topographie du temps qui passe par Fabrice Lauterjung / Forest of bliss de Robert Gardner par Violeta Salvatierra / «en débouchant à lʼair libre dans la clarté de la rue». Les images de Miroslav Tichý par Rodolphe Olcèse / Extrait de Carnet de route par Orlan Roy /
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L'appel était le suivant :
“Un matin, l’envie m’étant venue d’aller me promener, je posai mon chapeau sur ma tête, plantai là ma chambre aux écritures ou aux revenants, et dégringolai l’escalier pour filer dans la rue”. Y aurait-il, dans cette phrase de Robert Walser, la première de cette nouvelle qui s’appelle La promenade, comme l’énonciation de ce qui préside à toute pratique cinématographique ? Pour filmer, il faut bien sortir de chez soi. Il faut aussi une certaine vacance, du regard, de l’attention. La déambulation, la promenade, comme manières d’être au monde, nous font percevoir ce à côté de quoi passent nos vies, à force de précipitation. Le cinéma comme promenade donc. Il est significatif que la promenade puisse désigner aussi bien une action que le lieu où celle-ci s’accomplit. Le sens du mot cinéma n’est-il pas frappé de ce même type de déploiement ? C’est ce que le prochain numéro d’étoilements aimerait pouvoir explorer.
Les textes doivent nous parvenir avant le 15 août, et ne pas excéder 7500 signes, espaces compris. Les images jointes pour accompagner vos articles doivent être libres de droits.
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52 auteurs
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